Ladyhawk

Chaque fois qu'un enfant affirme :

Mercredi 29 juin 2011 à 17:18

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Je me souviens…
Depuis notre plus tendre enfance, nous avions l’habitude de venir à cette fête foraine. Nous en parlions des semaines à l’avance, tellement excités par ce rendez-vous annuel. Et le jour J arrivait enfin.
Je me souviens…
Tu avais toujours cet immense sourire qui me fascinait tant. Malgré le poids des années, ton âme d’enfant était restée intacte. Les yeux écarquillés devant tant de merveilles colorées, tu courais d’un stand à l’autre, ne sachant plus où donner de la tête.
Je me souviens…
Ton rire couvrait le bruit assourdissant des manèges et résonnait comme une douce mélodie.
A chaque fête, tu me tannais de t’accompagner dans le train des horreurs, où tu faisais semblant d’être effrayée. Oui, je dis bien semblant, car même si je ne te l’avais jamais avoué, je savais que tu me donnais ce prétexte uniquement pour pouvoir te blottir dans mes bras sans avoir à t’en justifier. Alors je rentrais dans ton jeu, te serrais très fort contre moi et enfouissais mon nez dans tes cheveux, m’enivrant de ton odeur.
Je me souviens aussi de ces grands manèges. Tu sais, ceux qui nous envoyaient très haut dans les airs, à une vitesse fulgurante. Tu me regardais avec cette lueur de défis dans les yeux et me lançais un « Pas cap ! » insolent en t’élançant vers la nacelle. Bien sûr, je te suivais. Et tu montais dans cette machine de torture, aussi blanche que la feuille sur laquelle j’écris aujourd’hui, l’air crispé et une larme perlant au bord de tes longs cils. « Le vent » me disais-tu. La peur, je savais.
Je me souviens de tout. De tes parties de pêche aux canards, de tes tirs manqués à la carabine, de la bosse que tu t’étais faite dans le palais des glaces, de la pomme d’amour que tu n’aurais manqué d’acheter pour rien au monde. ..
La fête foraine est revenue aujourd’hui. J’ai voulu y aller comme autrefois , ton absence m’a frappée de plein fouet. Envolée la clarté de ton rire, envolé ton regard enfantin. Même le marchand de pommes d’amour avait l’air triste. Je suis reparti aussitôt, le cœur trop lourd de tant de souvenirs.
C’est dans les détails du quotidien que l’on se rend compte que quelqu’un est parti pour toujours et qu’il ne reviendra jamais. C’est au détour de cette fête foraine que j’ai compris l’immensité de ma solitude.

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